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26 juillet 2010 1 26 /07 /juillet /2010 16:48

visage.jpg

Petites notes d’une pluie monotone

perlent dans le jardin de thé

Kityko allume son iPhone

 

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25 juillet 2010 7 25 /07 /juillet /2010 18:56

ramuz.jpg

« Ce même soir, M. Ravussin, rentrant chez lui après avoir été faire sa partie au Cercle, s’étonna grandement de trouver sa femme au salon et plus encore de la toilette de sa femme, car c’était une robe d’intérieur laissant voir les épaules et les bras par transparence, avec un decolletage en pointe. Elle rit de son air, quand il entra. — D’où as-tu ça ? » Charles -Ferdinand Ramuz, L’amour du monde, chapitre VII, 1926.

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22 juillet 2010 4 22 /07 /juillet /2010 00:14

Eugen-Berthold-Friedrich-Brecht.-Fotografi-fra-1920-erne-jpg

Il a l’air surpris d’être là. À cette époque la photographie n’était pas instantanée, — elle participait plutôt d’un cérémonial, et pourtant ses yeux sont encore dans un grand étonnement. Vous me photographiez ? pourquoi doit-on être photographié ? Les yeux disent le rêve d’avoir lu quelques heureuses pages, ou bien d’avoir été dans la tension de l’écriture. Les mots voyagent encore dans sa tête. Les mains se sont déjà relâchées, et s’abandonnent sur la table, mais la cravate dans le col dur garde tout le sérieux et la sévérité du personnage. Si je suis devenu un personnage, alors, oui, autant se laisser en effet photographier. Eugen Berthold Friedrich Brecht, dans les années vingt.

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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 21:01
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20 juillet 2010 2 20 /07 /juillet /2010 20:18

-The-license-plate-is-almost-as-large-as-her-automobile--bu.jpg

The license plate is almost as large as her automobile, but Miss Kitty likes her car because it is easy to park along the beach of Royan, — in Charente Maritime (Braving the traffic of Angoulême, july 22, 2010. National Photo Co. Collection).

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 13:01

picasso-la-vie-1903-1965-x-1285-cm-oil-on-canvas-c-copie-1

J’arrivai à Tôkyô un soir où tombait une neige abondante. Ivre, je me trouvai derrière Ginza, fredonnant : « Ici, si loin du pays… » Du bout du pied je chassais la neige qui s’épaississait quand, tout à coup, je dus cracher. Ce fut mon premier crachement de sang. Sur la neige blanche un large rond rouge rappelait le drapeau japonais. Je m’accroupis un moment, puis, ramassant dans les deux mains de la neige propre, je me lavai le visage et je pleurai.  « Où va ce sentier… » Dazaï Osamu, La déchéance d’un homme, traduit par Georges Renondeau, Gallimard, 1962. Pablo Picasso, La vie, 1903 (huile sur toile, 1965 x 1285 cm).

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18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 00:41

Noli me tangere Fra Angelico (Florentine painter, c. 1400-1

Les arbres, la clôture et les herbes font penser à ceux du douanier Rousseau. Il faut bien cette naïve fraîcheur et toute cette sensualité végétale pour dédramatiser l’étourdissement de cette palingénésie. L’homme tient encore son bâton de pèlerin, la femme est dans la folle découverte d’un deuil inutile : ses pleurs de chagrin se mêlent déjà à ses larmes de joie. Un jour, on le sait, l’homme et la femme furent chassés d’un lointain paradis, mais les voici de retour dans un éden familier. La porte noire, sur le côté, c’est le troisième personnage, — l’inconscient de leur impossible et miraculeuse rencontre. Miriâm de Magdala sourit dans un pur ravissement : l’éternité est si légère et si enivrante à fleur de ses doigts. Fra AngelicoNoli me tangere (1440-41, fresque 180 x 146 cm, San Marco, Florence).

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 16:56

frida-copie-2.jpg

C’est jour de soleil, jour de fleurs. C’est le printemps mexicain dans le cœur infini de Frida. Ses pinceaux indiens chantent les soleils, les nuages, — et les visages de sa difficile et lente rédemption. Elles se tiennent la main, les deux Frida, lèvres closes, amours lointaines, aveux de silence. L’autre Frida, celle qui peint, celle qui n’existe pas, elle est déjà morte,  — il faut mourir pour renaître, chaque jour de haute lumière, au versant chancelant de l’illimité.

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14 juillet 2010 3 14 /07 /juillet /2010 15:07

italian-notebook-woolf-7-June-1916-copie-1.jpg

Les paysages sont si majestueux, si simples, si totalement infinis, que je me suis perdue en moi-même. Je passe de longues heures à regarder les hauts ciels. Au bord d’une route au creux de midi, je demeure. Où est la poésie si je reste ainsi sans voix ? Leonard chasse dans les bibliothèques de la vieille ville, — quand le livre lumineux est tout ouvert par-dessus la campagne bleue. Je tourne sans angoisse les pages blanches du livre de ma vie. Je n’attends rien. Je regarde partout autour de moi, jusqu’à ce que mes pauvres yeux s’emplissent de vrais rêves ardents. Qui dois-je remercier pour tant d’humbles et invisibles trésors  ? Virginia Woolf, italian notebook (7 june 1916).

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 01:06

eretz-copie-3.jpg

Ilan, le jeune frère du narrateur, vécut quelque temps en Israël à la fin des années soixante. Aujourd'hui que tout a changé là-bas comme ici, que reste-t-il de lui ? Qu’est-ce que ce pays ? Comment faire le récit de ce qui vous a échappé, et qu’on ne saura pas retrouver ? Henri Raczymow, Eretz, Gallimard (avril 2010). 

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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
  • : petites proses journalières, citations, musiques, ou bouts de films.
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.