On nous a promis que, si on était sages, Armand et moi, on irait, oui, au bord de la mer. Sages, je ne sais pas si on l’a beaucoup été, mais on s’est bientôt retrouvés devant une drôle de grande chose grise qui bougeait tout le temps. C’était ça, la mer, paraît-il, — c’est ce qu’on nous a dit. C’est juste derrière le petit mur que vous voyez là. Il y a une immense bande de sable qui nous en sépare, et hop ! la mer est là-bas. Il paraît qu’elle va s’avancer dans l’après-midi et venir presque toucher le mur. C’était la première fois qu’on y allait, nous, Armand et moi, à la mer. En fait, c’est rien que de l’eau, la mer, et les drôles de remous dessus, c’étaient des vagues, qui montaient et descendaient sans arrêt. Papa a retroussé les manches de sa chemise et remonté ses pantalons, et on a marché, tous les trois, dans l’eau qui nous fouettait les jambes. Armand, cet idiot, avait même un peu peur qu’un gros poisson lui morde un mollet.