Je n’en suis qu’au tout début, à la première phrase, et je voudrais déjà tout savoir (alors qu’en fait, comme un imbécile, je ne sais rien, — ou presque). Jean me fait un petit signe de la main, j’ai l’impression que c’est un au revoir plus qu’un bonjour, elle va monter dans cet avion qui l’emmènera loin de nos petites confidences. C’est le début. Ça commence gentiment comme ça — il y a une part de moi (laquelle ?) qui va certainement monter dans ce fichu avion. Où arriverons-nous ? comment vais-je faire pour vivre maintenant ? cette première soirée après son départ va être longue, longue. Je me suis juré qu’il ne fallait pas que je boive. Si je bois, elle sera encore plus absente, et ma vie plus vide. Je pourrais partir moi aussi, mais où aller où elle ne soit pas ? On dirait qu’elle est partout. Jean Seberg.