Comme la vie est simple quand, avec ses tout derniers euros, on s’offre tout de même un recueil de petites proses de Robert Walser, qui vient de paraître ces jours-ci aux éditions Zoé. Ce sont pourtant de vieilles, si vieilles chroniques, jetées un peu au hasard du feuilleton de la rubrique « culturelle » du Berliner Tageblatt d’il y a, pour les premières, plus d’un siècle… pour gagner tout juste sa guigne et le faible droit de continuer nonchalamment à déambuler dans les pauvres rêves fous d’être un jour, qui donc ? Robert Walser ? Cela se raconte-t-il ? cela peut-il se diviser, se multiplier, dans le miroir dansant de ces proses délicates soustraites à la marche du monde qui va toujours son bonhomme de chemin à Berlin comme ailleurs, — ni plus, ni moins. Je laisse mon bout de manuscrit en plan, je prends le précieux livre avec moi et je cours vite au Jardin vert, pour en partager la lecture avec les chèvres, les oiseaux, et quelques petits reflets d’une incertaine lumière d’automne dans le feuillage des grands arbres rêveurs. Tout en lisant dans un autre siècle, je vais grignoter un carré de chocolat d’aujourd'hui. Qu’est-ce que je vous disais ? La vie est simple.