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9 novembre 2010 2 09 /11 /novembre /2010 01:46

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Hier, grand et vaste débarquement de cinéastes à la maison. Tous les bras articulés des halogènes sont dûment retournés (je me demande si ça leur fait mal d’avoir ainsi les bras renversés dans l’autre sens) et les lampes transformées illico en violents projecteurs, — Kitty leur est crûment livrée. Je ne sais pas si vous avez déjà vu Kitty sous les feux de la rampe, mais elle essaye de garder gentiment son petit air de ne pas y être. Kitty fait la vaisselle ; Kitty repasse avec son petit fer ; Kitty boit le thé et grignote une brioche ; Kitty dénoue son tablier ; Kitty écoute à la radio un moine zen ; Kitty répond aux questions ; Kitty lit un morceau d‘une de ses nouvelles après l’avoir trempé dans le thé ; Kitty caresse le chat Confiant (des voisins) ; Kitty écrit avec son stylo-bille bleu ; Kitty se moque de moi parce que, paraît-il, j’aurais perdu mes clés — tout cela, proche et lointain, flou et précis, ici et là, ou même ailleurs, sous le régime d‘un mystérieux écrirait-elle moins durassien que proustien (où la brioche tient tout de même le devant rustique de la scène). Henry Robert Morland, Laundry Maid Ironing, oil on canvas, circa 1765-82.

 

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commentaires

L
<br /> Bien charmant, ce texte, Larry. Qui s'en étonne ?<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Je me surpasse toujours pour repasser, moi qui suis de passage.<br /> <br /> <br />
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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
  • : petites proses journalières, citations, musiques, ou bouts de films.
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.