Hier, grand et vaste débarquement de cinéastes à la maison. Tous les bras articulés des halogènes sont dûment retournés (je me demande si ça leur fait mal d’avoir ainsi les bras renversés dans l’autre sens) et les lampes transformées illico en violents projecteurs, — Kitty leur est crûment livrée. Je ne sais pas si vous avez déjà vu Kitty sous les feux de la rampe, mais elle essaye de garder gentiment son petit air de ne pas y être. Kitty fait la vaisselle ; Kitty repasse avec son petit fer ; Kitty boit le thé et grignote une brioche ; Kitty dénoue son tablier ; Kitty écoute à la radio un moine zen ; Kitty répond aux questions ; Kitty lit un morceau d‘une de ses nouvelles après l’avoir trempé dans le thé ; Kitty caresse le chat Confiant (des voisins) ; Kitty écrit avec son stylo-bille bleu ; Kitty se moque de moi parce que, paraît-il, j’aurais perdu mes clés — tout cela, proche et lointain, flou et précis, ici et là, ou même ailleurs, sous le régime d‘un mystérieux écrirait-elle moins durassien que proustien (où la brioche tient tout de même le devant rustique de la scène). Henry Robert Morland, Laundry Maid Ironing, oil on canvas, circa 1765-82.