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24 octobre 2010 7 24 /10 /octobre /2010 01:52

comme seules

C’est une sorte de roman. Au début, quand j’ai commencé à l’écrire, il n’en avait pas, — de début, et, de fil en aiguille (quoique ça ne soit pas vraiment du cousu main), je me suis figuré qu’il n’aurait pas davantage de fin. Cette idée me plaisait bien. Comme ça, pendant que je l’écrivais, je n’étais nulle part, et le personnage aussi n’était nulle part. Ça me convenait de vivre, en écrivant, à peu près ce que vivait, — ou ne vivait plus, le personnage. Comme quoi, on se raconte de drôles d’histoires quand on essaye d’écrire un roman. Enfin, ça n’est pas sûr, non plus, que ça soit un roman… seulement, si ça n’est pas un roman, je ne vois pas du tout ce que ça pourrait être. On avance là-dedans dans un vide de l’histoire, d’où ma petite solution provisoire du roman qui ne commence pas avant sa fin, — laquelle, bien sûr, ne peut quand même pas s’achever après son début, — cela va de soi. Vous me suivez, ou pas ? disons que tout le roman est comme dispersé à l’extérieur de ce qu’il raconterait, rejeté dans ses marges en quelque sorte, où il se promène, rêve et oublie comme tout un chacun. C’est vraiment un drôle de lascar, ce roman, vous pouvez m’en croire. Comme seules savent aimer les femmes, roman, L’Escampette éditions (en librairie ce 29 octobre 2010).

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commentaires

L
<br /> Je n'avais pas lu cela. Il arrive que je délaisse l'ordinateur, à cause de tâches que personne ne réclame... Mais bon.<br /> Avoir lu - et aimé - ton livre, me donne l'occasion de remonter un peu dans le temps et de découvrir des billets de toi que je n'avais pas vus. Par exemple, recherchant ce texte-ci, j'ai vu passer<br /> une "léa, léa".<br /> J'y vais, et je laisserai peut-être quelques cailloux blancs.<br /> Car je lis les contes de Grimm que José Corti a publiés au complet ! J'adore, dans ces contes, comme la réalité la plus concrète se tresse avec le merveilleux. Et que fait-on d'autre, quand un jour<br /> de pluie, presque sans le sou, on entre dans le bar-tabac-PMU acheter un billet de loto...<br /> <br /> <br />
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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
  • : petites proses journalières, citations, musiques, ou bouts de films.
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.