C’est un livre fait de beaucoup, de beaucoup de livres, — qu’on lit avec le cœur plus qu’avec les yeux, pour s’y perdre comme pour s’y retrouver. On y raconte l’histoire de rois pauvres, de pays voyageurs et de bergers. Il y pleut et il y fait grand soleil ; le matin s’y lève sur une montagne froide, et le soir descend parfois sur un village qui s’appellera bientôt Ieroushalaîm (je l’écris comme on le chante dans des psaumes majestueux et malheureux). C’est un livre qui pleure et qui rit ; c’est un livre fait de grands mystères et de petits secrets, le livre de l’enfance de tous les autres livres. Quand on le lit, on a même l’impression qu’il y a quelqu’un, là, tout près de vous, — mais on ne sait qui. C’est un livre de feux et de vents qui a rêvé son lecteur. Page d’un Targoum (traduit en araméen) du Tanakh, onzième siècle.