J’avais enfin écrit un bout du début de mon premier chapitre (c’était une sorte de roman un peu flou que je comptais commencer avec le printemps, — j’y avais pensé tout l’hiver, ou presque), et, contrairement à ce que je faisais d’ordinaire, je le donnai à lire à Kitty. Le lendemain, elle était sagement sur la terrasse et le lisait tranquillement dans la première lumière. C’était peu avant huit heures, ce moment délicieux où l’air ne s’est pas encore chargé de chaleur. J’avais imprimé le texte sur deux ou trois feuilles pliées en deux (c’était un roman comique). Kitty lisait très sérieusement mes bêtises (ou alors elle faisait semblant). Vous la voyez ? Ne croiriez-vous pas qu’elle somnolât lâchement derrière le rideau blond de ses fines paupières ? Par contre, je ne vois pas du tout ce que ce chien fait là (nous n’avons pas encore de chien). Tout ce que je sais, c’est que lui, à coup sûr, il dort vraiment sur ses deux oreilles. À mon avis, c’est une petite chienne sentimentale. Elle s’appelle Framboise, ou Myrtille, je ne sais plus au juste. D’ailleurs, pour être franc, je l’ai collée dans mon bout de début de roman métaphysique. Suite au prochain numéro, vous voulez bien ? Childe Hassam, Reading, 1888 (Hunter Museum Of Art, Chattanooga, Tennessee).