Ces années-là, les décapotables ont des yeux de filles, — surtout sur le cours Mirabeau. Le soleil est au rendez-vous de l’après-midi et l’ombre ocellée des marronniers fait frissonner le cœur des cantatrices. Pilar a choisi une sage robe blanche, et ses petits pieds s’aèrent dans des escarpins à se damner. L’été est la saison des opéras prodigieux. Ce soir, sa voix de soprano chérubinisera dans Les noces de Figaro sous les étoiles proches d’un ciel de Paul Cézanne. Derrière, un peu timide, Dolores sourit à son étourdissant secret : un tout minuscule Giacomino est dans la nuit lumineuse de son ventre. Demain on va à la mer avec le chef éclairagiste, – on boira de frais Campari devant l’infini.