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3 mars 2010 3 03 /03 /mars /2010 11:53
Voici-par-exemple-la-chanteuse-espagnole-Pilar-Lorengar.-Au.jpg

Ces années-là, les décapotables ont des yeux de filles, — surtout sur le cours Mirabeau. Le soleil est au rendez-vous de l’après-midi et l’ombre ocellée des marronniers fait frissonner le cœur des cantatrices. Pilar a choisi une sage robe blanche, et ses petits pieds s’aèrent dans des escarpins à se damner. L’été est la saison des opéras prodigieux. Ce soir, sa voix de soprano chérubinisera dans Les noces de Figaro sous les étoiles proches d’un ciel de Paul Cézanne. Derrière, un peu timide, Dolores sourit à son étourdissant secret : un tout minuscule Giacomino est dans la nuit lumineuse de son ventre. Demain on va à la mer avec le chef éclairagiste, – on boira de frais Campari devant l’infini.

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commentaires

J
<br /> Je crois que la photographie date plutôt de 1955. Ce sont de vraies cantatrices qui vont chanter le soir les Noces de Figaro. L’après-midi, on fait les magasins, on va téléphoner à nos chéris<br /> restés en Espagne, — pas la peine non plus de raconter combien le chef éclairagiste a de beaux yeux…<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Ah, je peux dire en quelle année a été prise cette photo. En 1956. Puisqu'en 57, nous avons dû faire trois fois des ourlets à nos robes, et les gonfler de jupons amidonnés.<br /> Quant à la voiture, elle me rappelle la Cadillac Eldorado avec lequel l'ami d'un ami est venu me chercher à la maison un jour. La crémière du "Bon Lait" était sortie, comme ses clientes, pour<br /> observer la merveille (je parle de la voiture, bien sûr). Et on a commencé à me prendre pour une fille perdue. Je l'étais, mais pas au sens où les gens l'entendaient.<br /> C'était : Tranche de vie.<br /> <br /> <br />
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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

renee-2-copie-2.jpg

Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.