Midnight. Après tout, je vis tout simplement au jour le jour ; pour tout ce qui n’est pas mon travail, j’adopte la ligne de moindre résistance, à cause de mon travail. Les autres artistes connaissent-ils cette nécessité intérieure, cette soif, jamais étanchée, ce désir, jamais assouvi, jamais apaisé ? Je crois qu’il y eut un temps où j’aurais pu m’arrêter moi-même, des jours, des semaines se seraient écoulés ; mais maintenant ce n’est même pas une heure. Je le sens dans l’air, j’en suis imprégnée… Alors, Catherine, quel est donc ton plus grand désir, à quoi aspires-tu si passionnément ? Je veux écrire des livres, des romans, des pièces, des poèmes. Katherine Mansfield, Journal, à la date du 6 septembre 1911 (traduction de Marthe Duproix, Anne Marcel et André Bay, éditions Stock, 1973).