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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 11:03

habana-copie-1.jpg

Aujourd’hui Monsieur de Blancherose m’a posé une question qui, depuis, ne cesse de me trotter par la tête. Je pourrais résumer cette question très simplement : « Peut-on vivre sans se trahir jamais ? », ou, peut-être encore comme ceci : « Comment, tout en vivant pratiquement, se conformer avec son idéal ? » Jamais auparavant Monsieur de Blancherose ne m’avait ainsi habitué à s’interroger si profondément sur la dure condition humaine (qu’est-ce qui lui prend ?) Je le soupçonne d’avoir tiré ces angoissants questionnements d’un livre que lui aura offert Mathilde, ou qu’il aura déniché dans un coin de sa bibliothèque. Ma journée, et vraisemblablement un grand morceau de ma soirée, vont s’en trouver durement atteints, — j’ai réfléchi à la question avec tout l’entendement dont je puis faire montre en cette occasion. Le résultat de ma brève incursion dans le monde affolant des idées est piètrement désolant, et, ne m’en consolant point, j’en suis davantage désolé. Laissons, me suis-je dit, la vaine vanité de penser aux penseurs, — et ne nous choisissons des idéaux qu’à la hauteur, si minime et rudimentaire soit-elle, de nos pauvres capacités d’idéaliser le monde (cependant, en l’occurrence, ma modestie n’est-elle pas grandement pleine d’orgueil ?) 

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commentaires

K
<br /> Il me semble difficile de se trahir, on ne peut trahir que des idées ou d'autres personnes, mais pas soi, on est toujours en adéquation avec soi-même, jamais de décalage possible avec soi-même, pas<br /> d'espace entre soi et soi, juste une illusion créée par le temps : celui que j'étais avant, celui que je suis maintenant. Mais seul ce dernier existe, soumis au changement permanent.<br /> <br /> <br />
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Une Petite Rue D’angoulême

  • : le ciel au-dessus de la rue
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il devient écrivain

strindberg-copie-1.jpg

« Toujours allongé sur son canapé, il se sent pris d’une fièvre inhabituelle et tandis qu’elle se poursuit dans son corps, sa tête travaille à mettre en ordre d’anciens souvenirs, à élaguer certaines choses et à en rajouter certaines autres. De nouveaux personnages secondaires se présentent, il les voit se mêler à l’action, il les entend parler. C’est comme s’il les voyait sur la scène. Deux ou trois heures plus tard il avait une comédie en deux actes toute prête dans la tête. C’était un travail à la fois douloureux et voluptueux, si on pouvait appeler cela du travail, car cela se faisait tout seul, sans l’intervention de sa volonté et sans qu’il y fût pour rien. Mais à présent il fallait l’écrire. La pièce fut achevée en l’espace de quatre jours. Il allait et venait entre son bureau et le canapé où, par intervalles, il s’effondrait comme une loque. » (August Strindberg)

valentine

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Ma grand-tante s’appelait Valentine. Elle vivait en solitaire à Fontbouillon, une campagne reculée, perdue, elle vivait ? — c'est un bien grand mot, je crois que je devrais plutôt dire qu’elle rêvait. Chaque jour elle s’habillait très élégamment, comme si ç’avait été un dimanche. Elle sortait peu. Elle regardait simplement la petite route qui passait devant sa porte, — où aurait-elle pu aller ? Les maris étaient morts depuis longtemps et son fils s’obstinait à vivre dans sa folie. Valentine s’asseyait à son piano et jouait ses nocturnes. La vie de Valentine est un immense, cruel et déchirant nocturne. Il y a longtemps que je pense à écrire le roman de sa vie absente. Fleur fanée d’un souvenir lointain et douloureux.

en voyage

KafkaMan

On arrive sur la grande place dès les premières heures, et tout est encore dans le tendre déploiement du rêve ; le jour est plus que le jour, — et la nuit moins que la nuit. Les pigeons égrènent la ponctuation subtile et mouvante de leur tourbillonnante quête d’horizons. Le ciel descend au milieu des murs, et les jeunes ombres s’étirent derrière les fenêtres. On est devant les vieilles procuraties, et le cœur s’absente de soi-même. On devient le voyageur de son désir — étranger au pays de ses errances.

l’écriture

wassermann

Il faudrait calculer le secret rapport entre la main et la pensée, — je ne suis pas sûr non plus que ce soit la pensée qui s’avance jusque dans la main, — c’est autre chose, peut-être simplement l’élan, la mise en mouvement de ce rapport justement, qui reste suspendu dans le fil courbe de la plume, et la respiration viendrait de ce qu’il faut tout de même, de temps en temps, tremper la plume dans le lac sombre de l’encrier. Peut-être les pensées sont-elles justement tout au fond dans l’encrier ? petites sirènes d’argent.